Jacques Hippeau

pour préserver un immeuble dans Paris


[...] Je vous félicite pour votre article « Crime au coin de la rue », dont j’ai beaucoup apprécié la vigueur et l’intelligence.

Je voudrais seulement ajouter que cet immeuble n’est pas seulement touchant et pittoresque.


Il est beau par ses proportions mêmes : l’écrasement, comme vous dites, de l’entresol, et aussi du rez-de–chaussée, la force du 1er étage due à sa forme presque carrée et à la partie du mur non percée contrastant avec l’allongement vertical de la porte-fenêtre, la vitalité et le « délire » de la toiture, partie la plus importante de l’immeuble, avec ses souches de cheminée énormes, ses lucarnes entassées les unes sur les autres aux proportions pour certaines pas très loin du carré.

C’est un magnifique exemple de ce que peuvent faire la dissymétrie et les proportions mêmes. Nous sommes là loin du « nombre d’or ».
C’est une leçon d’architecture. Il faudrait le faire classer monument historique.

Il me fait penser à Chambord (à cause de l’importance de la toiture), à un navire échoué entre les falaises, à un rhinocéros entouré de toutes sortes de cages. Il en a la puissance et le goût de la liberté. [...]




------ Cette lettre a été publiée dans une revue d'architecture probablement entre 1985 et 1995. ------


- si vous connaissez les références de la revue où est parue cette lettre, ou l'adresse exacte de l'immeuble en question n'hésitez pas à me les indiquer -